
En pluie fine tombent les atomes
Camille Guichard
Elle écoute la déliquescence de la nature, sa métamorphose,
La dislocation de ses rivages qu’elle a tant arpentés et qui rythmaient
Ses journées quand le peintre l’oubliait,
Son jardin n’est que fouillis, une bouillie de fleurs et de branchages,
De feuilles et d’arbres morts, enchevêtrés,
Le sel brûle au-delà de l’écorce, chair fraîche,
il suce les sèves, ronge les racines,
Étouffe les tapis de mousse et guillotine les herbes hautes,
La végétation, gigantesque mikado d’odeurs putrides,
Reste muette, elle n’a jamais connu un tel ennemi,
Et les animaux se brisent comme des cristaux trop fragiles,
Se mélangent à la fange, s’y enfoncent pour dire combien
Il est temps de fuir ce monde des humains
Qui ignore que le vivant se parle,
Pierres, arbres, ruisseaux et fleuves, montagnes et océans,
se lamentent de tant d’incompréhensions,
les ailes se brisent, les becs se cassent,
les rochers se disloquent et les forêts s’effondrent
ils n’ont plus la force de lutter, comme dans son refuge dévasté,
où elle chantonne l’absurdité des assoiffés
de planètes mortes et lointaines, alors que la terre se meure,
dans sa tête qui explose,
elle n’en peut plus du tambourin,
de l’amour éventré,






